
Ramasseur d'algues à Cobqecura, au coucher du soleil sur le Pacifique (lesquelles algues sont comestibles, je m'y risque sur une des photos plus bas ...)
Nous avions bien déjà approché le Chili il y a quelques mois, avec notre crochet dans le désert d’Atacama qui mélangeait l’exceptionnel – les paysages spectaculaires de la Vallee de la Luna, des Geysers du Tatio, etc. – et le moins bon – le kitch ultra touristique du village de San Pedro de Atacama … mais ce côté-là nous n’avons pas grand chose à dire car, touristes nous sommes, comme me le faisait remarquer très justement ma Léna devant un restaurant que je qualifiais dédaigneusement de ” trop touristique “, ” mais c’est parfait ça, car justement, nous sommes des touristes ! ” pensant avoir porté l’estocade et parvenir ainsi à déguster le miteux steak-frites-coca présenté en photo.
Mais, naturellement, nous n’ avons rien vu de ce pays hors norme, 5000 kms de long sur deux cent de large, coincé entre l’océan pacifique et la cordillère des Andes…
Les longues semaines qui viennent de s’écouler ont été riches en visites et en rencontres et nous avons maintenant un tout autre aperçu du Chili dont nous avons pu mesurer la diversité.
Tout d’abord, les chiliens, comme souvent en Amérique du Sud, savent faire du Parc Naturel ! De ce côté là, en Europe, nous pouvons vraiment en prendre de la graine : gardes parc compétents et affables, aires de camping bien équipées, sentiers balisés de tous niveaux …
Pour l’heure, nous vous avions laissé sur la Carretera australe avec le sentiment de faire le plein de paysages somptueux, bien aidé il est vrai par une météo plutôt clémente pour les lieux.
Ce 2 janvier 2010, nous arrivons dans la grosse ville de la région australe, Coyhaique que nous trouvons porte close, tant au niveau touristique qu’au niveau des usines à gaz, lequel gaz nous fait cruellement défaut depuis plusieurs jours (pas de frigo, pas de cuisinière, pas d’eau chaude) – enfin “cruellement”, relativisons, les enfants étant ravis de tenir enfin un prétexte afin d’échapper à la douche… Seuls les jeunes supporters de Pinera, pour l’heure l’un des deux candidats au second tour de l’élection présidentielle du pays, animent la rue principale. Du coup, nous partons dans la Réserve Nationale Coyhaique nous faire un asado et passer la nuit.
Pas de gaz, qu’à cela ne tienne : les enfants font un feu avec le bois et les pommes de pin du parc, et nous voici avec un peu d’eau chaude (opération dont notre casserole qui avait survécu à douze ans de mariage gardera des séquelles indélébiles !).
Lundi 4 janvier 2010, une fois le gaz rechargé dans une usine adhoc, nous prenons la décision de poursuivre notre route…en bateau qui nous mènera de Puerto Chacabuco à Quellon sur l’île de Chiloé, Les champs de nids de poule de la carretera australe ayant bien émoussé notre patience, nous sommes ravis du total changement de perspective qui constituera en un jour et demi à découvrir le Chili par la mer, où nous pourrons observer le dédale de fjords et d’îles recouvertes de l’épaisse végétation des forêts humides qui constituent la côte dans cette région. Ces trente six heures de bateau furent aussi l’occasion de rencontrer un stewards autrichien, Arno, ravi de parler français et qui voyage avec sa compagne sur un attelage original (cf photos plus bas) – une moto avec une remorque sur laquelle il déplie tous les soirs sa tente. Pour une fois, nous avons de la concurrence : les chiliens prennent autant son engin en photo que le nôtre ! Pour la plupart des minuscules ports que nous avons desservi, ce vieux ferry d’origine soviétique de taille modeste – et qui sera mis au rebut ” dès l’année prochaine ” nous garantit le capitaine … – reste le seul moyen de communication avec le reste du monde. A chaque halte (une dizaine au total), il est réellement émouvant de voir émerger de la forêt, de laquelle ne dépassent souvent que quelques toits et une petite jetée, une poignée de passagers qui embarquent ou débarquent chargés de leur sacs, de bagages aux formes assez mystérieuses, et même de planches, … Mais que peuvent bien faire ces gens, dans des endroits aussi perdus ? Un des membres d’équipage m’indique que c’est principalement la pêche, et dans une moindre le tourisme – il me désigne un volcan, au loin, dont quelques courageux randonneurs font l’ascension …
Après une deuxième nuit un peu houleuse, nous sommes contents d’arriver à Chiloé, un archipel très vert et très vallonné réputé pour être le grenier à fruits de mer du Chili et accessoirement le fournisseur principal de saumon du Japon (ils sont pour le moment deuxième producteur mondial de saumon derrière la Norvège et bientôt premier). Et c’est bien là d’ailleurs que nous gouterons aux meilleurs “empanadas de mariscos” (mariscos = fruits de mer), dont deux fournées sur trois seront commandées par les enfants seuls, et que nous ferons gratiner des moules géantes excellentes dans notre petit four. Cuisine mise à part, les palafitos (maison sur pilotis) typiques de la ville de Castro nous déçoivent un peu tant elles sont délabrées et les les vrais trésors de Chiloé sont sans conteste, pour nous, les petits villages des îles périphériques et leurs petites églises de bois comme celles de Curaco de Velez et de Achao : de vrais petits bijoux ! Nous quittons Chiloé pour le continent à bord d’un bac qui fait la traversée entouré d’une multitude d’otaries, de manchots que nous serons les seuls à admirer car les enfants restent cloitrés dans le camping car- seule Chloé a une bonne excuse puisqu’elle fait la sieste !
Notre route nous mène ensuite au Lago Llanquihue situé au pied du volcan Osorno. Mais celui-ci ne daignera pas se montrer, à notre grand regret, et restera enveloppé d’une épaisse couche de nuages. Dans cette région “des lacs”, où l’eau visiblement n’est pas chose rare, nous peinerons pourtant à remplir nos réservoirs, le gérant de la station d’essence – qui proclame fièrement ses origine allemande, ce qui est loin d’être une exception dans la région- nous ayant refusé l’accès au robinet d’eau. Il nous dirigera vers les carabineros à quelques centaines de mètres de là et Christian, après négociations, aura l’autorisation de prendre 50 litres d’eau sous la surveillance du dit policier qui le regardera dans le blanc des yeux tout au long de ce demi remplissage !
Après un arrêt rapide dans la jolie ville de Puerto Varas, le temps de faire quelques emplettes, nous arrivons, ce soir du 9 janvier, à Frutillar, une tranquille petite bourgade aux maisons de style allemand , où nous fêtons au bord du lac les 9 ans de Léna.
Le lendemain, nous atteignons Villarica, son lac et son volcan enneigé, lequel ne se cache pas ! Le paysage est une fois de plus magnifique et nous poussons jusqu’à la célèbre Pucon. Son côté ultra touristique nous fait fuir et nous nous réfugions sur les flancs du volcan pour un bivouac mémorable : après une attentive observation des fumerolles qui s’échappent du cône et un tranquille coucher de soleil, Léna et moi, un peu stressées par la proximité du volcan, obligerons Christian à redescendre un peu le camping car- sans commentaire ! Il faut quand même savoir que l’hiver, les flancs du volcan servent de pistes de ski…
Poursuivis pas la pluie, nous mettons à nouveau le cap sur l’océan pacifique, et découvrons le petit village de Cobquecura, à l’authenticité préservée où nous passons des heures à regarder les énormes rouleaux déferler sur les rochers, l’un d’entre eux abritant une colonie extraordinairement dense de lions de mer, à cinquante mètres à peine du rivage. Pas très original, mais reposant ! La preuve en est que nous battrons notre record de lever tardif – 11 heures ! – C’est un peu difficile ensuite pour les enfants de se mettre au travail du CNED !…
C’est sur cette même plage que nous sympathisons avec un couple de chilien, Alejandro et Maria, eux aussi en camping car – mais nord américain celui là et avec une moto à la place du porte vélo et un un petit hors bord à l’arrière attaché sur une remorque ! Nous sommes invités dans leur maison de Constitution, située une centaine de kilomètres plus au nord. Nous nous y rendons deux jours plus tard mais n’osant pas arriver trop tardivement chez eux, nous passons la nuit sur un parking face à la mer avec dans notre dos une énorme usine de cellulose charriant son lot d’odeurs nauséabondes- cela reste jusque à aujourd’hui notre bivouac le moins romantique !
Léna va se charger de raconter les deux jours (autour du 15 janvier 2010) passés chez Alejandro…
(Note de Christian) Article écrit à quatre mains. Pour commencer par moi, le 2 février 2010, à Vicuña, 50 kilomètres à l’Ouest de La Serena, où toute la famille attend patiemment la soirée et la visite de l’observatoire du Cerro Mamalluca, puis ensuite par Valérie sur la longue et monotone panaméricaine, le long du désert d’Atacama, 30 degrés celsius et mon p….n de réservoir d’eau fuit toujours.
De la carretera australe à Quellon (Chiloe), sur les eaux du Pacifique, en ferry (ligne Puerto Chacabuco – Quellon) :




























Chiloe :
























La route des volcans, l’anniversaire de Léna et le village de Cobqecura :
































Encore de magnifiques photos, les paysages sont grandioses! Au fur et à mesure de vos articles je suis vraiment étonnée de tant de beauté qu’offre l’Amérique du Sud (et même notre planète)!
Pour votre futur voyage voilà de quoi vous donner des idées, le pôle nord en smart, ça change du camping-car : http://www.journalmetro.com/mavie/article/445566–affronter-la-tempete-polaire-a-bord-d-une-smart
bah voila, pas compliqué d’écrire un article (!). Merci pour ce récit ! bises
Encore de magnifiques photos qui nous rappellent que notre planete est belle… et un anniversaire memorable pour cette jeune fille baroudeuse
bonne route
Apparemment vous vous êtes encore bien régalés avec les empanadas de mariscas et tout le reste… C’est ça la culture: manger ce que mangent les gens!!!!!
Le volcan était magnifique mais moi non plus je n’y serais pas restée très longtemps!
Merci pour ces nouveaux récits et les photos qui les accompagnent. Je continue à voyager…Le Chili a l’air d’être un pays très attachant, l’ile de Chiloé en particulier.
J’ai beaucoup aimé les photos de l’anniversaire de Léna éclairées à la bougie et celles des églises en bois. Le ramasseur d’algues au coucher du soleil aussi.
C’est extraordinaire cette rencontre sur la plage.
Bises