
Les deux volcans de l'Isla Ometepe (dont l'un est encore actif), au Nicaragua. J'étais à deux doigts d'y aller à la nage quand on m'a appris que dans ces eaux vivent encore les derniers requins d'eau douce de la planète ... Quel dommage.
Du 22 mai 2010 au 5 juin 2010, nous aurons traversé successivement le Nicaragua, le Honduras et le Guatemala, 3 pays que nous n’aurons guère pris le temps de vraiment visiter. Nous avons en ligne de mire le Mexique et un tout petit morceau des Etats-Unis, et, fromage ou dessert, notre chemin de croix continue et la dure nécessité de faire des choix avec : paysages paradisiaques avec de passionnantes rencontres ou passionnantes rencontres avec des paysages paradisiaques ?
Certes nous ne comptons pas passer à côté de ce qu’il ne faut vraiment pas louper dans ces coins là, mais les statistiques et la rumeur enfle au sujet de l’insécurité – le Honduras, le Salvador (qu’il n’est pas obligatoire de traverser sur notre route) et la Guatemala figurant dans le top 5 de l’insécurité en Amérique Latine. Nous laisserons donc tomber sur cette portion les bivouacs complètements sauvages … et ce d’autant plus que nous voyageons seuls, nos amis les Renault étant bloqués au Costa Rica, et vivent une véritable galère due semble t-il à l’électronique de leur véhicule (à l’heure où j’écris cet article, ils sont toujours en attente d’une solution là où nous les avons quittés, à Santa Elena au Costa Rica).
Nous attaquons la séquence par le Nicaragua et, passée une frontière un peu anarchique – et dire que, pour ce faire, nous avons doublé une file de 3 kilomètres de camions qui attendaient patiemment leur tour -, prise une petite photo des deux volcan de l’île de Ometepe, nous arrivons à Granada, ancienne capitale du pays. Là où nous attendions à trouver quelques jolis batiments par-ci par-là, nous tombons sur une ville magnifique, et nous décidons derechef de bivouaquer sur la place centrale, non sans avoir tenté auparavant une rue un peu plus calme. Nous préférons finalement nous ” loger ” sur un endroit plus visible et exposé – et pour la photo du bivouac, c’est quand même autre chose avec une cathédrale en toile de fond !
Mais, la nuit tombée, je ne parviens pas à trouver le sommeil : la chaleur accablante, le concert de ronflements assourdissants et merveilleusement polyphoniques de ma délicate épouse, et les petites mangues qui tombent régulièrement et bruyamment sur notre toit ont raison de ma fatigue. Ne pouvant rien faire de légal et de définitif concernant les deux premiers problèmes, je m’attaque au troisième en manoeuvrant avec le doigté légendaire, pour lequel tant de personnes m’admirent, mon élégant V12. Malheureusement, je m’aperçois que la roue avant droite est complètement à plat, apparemment de petites et sournoises butées de stationnement disséminées un peu partout sur le parvis ont accroché un des pneus – comment pouvaient-ils savoir que j’allais venir ici ?

C'est du vigoron, et sur le papier, c'est nettement moins bon que ça ne l'est dans le gosier : chou bouilli, gras de cochon frit, salade, sauce sucrée.
Impossible de réparer sur le coup, car en prime une grosse averse tropicale s’est abattue sur la ville et on n’y voit plus à deux mètres – nous sommes ici en début de saison des pluies. Mais le lendemain matin, sous les yeux des vendeurs de rue qui ont installé leurs stands à peine le soleil levé, impossible de défaire les écrous de la roue. Une des vendeuses me voit m’acharner – et m’entend peut-être aussi jurer, il y a comme qui dirait des mots qui volent au dessus des langages ! – et m’indique une llanteria, un atelier de réparation de pneus – l’omniprésence de ce type de petites boutiques, souvent poussiéreuses et délabrées, le long des routes d’Amérique Latine est un des points communs les plus manifestes de tous les pays que nous ayons traversés depuis dix mois.
Quelques centaines de mètres, plus loin, je rejoins effectivement l’atelier, occupé nonchalamment par trois générations d’une même famille, et parmi eux un colosse de deux mètres de haut et à peine moins de large, pour lequel les cinq cents mètres qui le séparent de son chiffre d’affaires du jour semblent être une épreuve trop longue à effectuer à pied. Pour lui, c’est vélo : un vélo, pour lui … et moi. Je suis le client, donc le roi – ici aussi – donc pas question qu’il me laisse pédaler. Je me retrouve donc assis sur la barre transversale du cadre, mon gentil colosse plaqué tout contre moi – en photo, on pourrait croire à cet instant l’amitié franco-nicaraguayenne au plus fort, avantage Nicaragua quand même vu le gabarit, mais en réalité, ma préoccupation est purement sécuritaire : n’ayant pas trouvé d’autre point d’appui sur notre ridicule moyen de propulsion, tout mon poids repose sur mes deux vaillants berlingots, qui encaissent les vibrations de la route comme ils peuvent. Tout en restant très concentré, je me dis qu’il ne manquerait plus qu’un gros dos d’âne pour oublier à tout jamais mon projet secret de refiler un petit frère à Chloé.
Jusque au premier dos d’âne.
Gesticulant un peu désespérément tout en tentant de garder un air digne, ne serait-ce que pour la foule compatissante qui m’admire, mi-intriguée mi-amusée, je vois arriver le deuxième dos d’âne, pris celui-ci à pleine vitesse, mon cher compagnon ayant pris mon silence pour accord tacite à passer la seconde, et n’ayant pas perçu le drame qui se nouait tout contre lui.
Deux dos d’ânes plus loin, la situation est plus claire pour tout le monde – à savoir que mon pilote est à deux doigts de voir décéder sous ses yeux son unique client du jour – et, cent mètres avant l’objectif, nous nous arrêtons enfin et terminons de finir le chemin à pied.
Mon associé du jour se force de ne pas sourire plus qu’il ne devrait, et moi, pour lui rappeler qui aurait dû être le chef, je lui désigne dans un ultime râle mon camping-car qui trône devant la cathédrale sur ses six roues – plutôt cinq et demie.
Dieu merci pour ce qu’il restera de ma réputation dans cette belle ville de Granada, pendant que je me remets lentement et le plus discrètement possible de ma balade matinale, il faudra plusieurs allers-retours (sans moi …), plusieurs colosses et des outils professionnels pour dévisser les roues serrées avec le zèle tout mécanique d’une visseuse pneumatique lors de la dernière révision. Je profite d’ailleurs de la discussion finale pour acheter leurs outils à mes nouveaux amis (être resté si proche dans de telles conditions, ça crée des liens), pour que, la prochaine fois, j’aie vraiment tout tenté avant de mettre ma vie en jeu.

Les ruines maya de Copan Ruinas, contemporaines de certaines ruines Incas visitées il y a 15 000 kilomètres ...
Une autre anecdote me revient sur ces quelques journées – il y en a eu d’autres, mais le tarif c’est deux et pas plus, sinon il paraitrait que ça ferait trop à lire. Alors que nous nous arrêtons à la belle cascade de Pulhapanzac au Honduras, nous voyons débarquer une voiture de police plein à raz bord (de policiers 🙂 ), puis deux fourgonnettes et surtout trois magnifiques 4×4 jaunes, flambants neufs, arborant un logo clinquant ” Amarok Project “, le tout estampillé VW. Ils viennent d’Argentine, mais sont partis il y a … deux mois ! L’équipe étant argentine, la discussion s’engage facilement – et ce faisant me replonge avec nostalgie quelques mois en arrière. En fait, tout ce beau monde fait une tournée de test et de promotion du nouveau pick-up 4×4 que VW (Volkswagen) sort en Amérique du Sud et en Australie pour contrer Toyota et consorts sur ce terrain … Bref, ces types m’énervent : ils sont sympas, ils sont payés pour voyager dans des super-bagnoles, leurs photographes ont du matériel de folie et des objectifs gros comme le pot d’échappement de mon Iveco (pour les connaisseurs : en bandoulière deux Canon EOS avec des petits chiffres dessus, des gros objectifs blanc avec une bague rouge … et des super vannes sur Nikon ! 🙂 ).
Que ce soit dit et écrit ici : je fais acte de candidature pour tester la version camping-car sur la route de la soie !
Pour la petite histoire, le concessionnaire du Honduras a exigé (et obtenu) une escorte policière pour les cinq véhicules sur tout la traversée du pays – et ce sera la même chose au Guatemala. Nous voilà à nouveau prévenus !
Pour le descriptif de ce que nous aurons vu pendant la courte traversée de ces deux pays, rendez-vous dans les l’albums photo ci-dessous. La carte de notre trajet vous montrera d’ailleurs que nous n’avons pas vraiment tergiversé : ce fut ligne droite, sur laquelle nous avons essayé de visiter les points dignes d’intérêt mais sans vraiment prendre le temps de flâner. Il y aurait certainement eu de quoi rester quand même plus longtemps !
Très prochainement sur vos écrans, notre semaine guatémaltèque.
Bonne route à tous. 🙂
Article écrit le 9 juin 2010, à Bacalar, au bord de la Laguna Bacalar dite aux sept couleurs (et ce n’est même pas un mensonge, il y a vraiment sept couleurs dans cette eau cristalline – et même pas salée d’ailleurs, un vrai scandale), ciel bleu et 33 degrés – enfin un jour de répit loin des 40° ! Encore une petite baisse de thermomètre et je vais enfin pouvoir me négocier une petite fondue savoyarde. 🙂
Le Nicaragua, dont principalement Granada :






































Le Honduras, dont la jolie ville de :



























Notre rencontre de l’équipe Amarok Challenge, aux chutes d’eau de Pulhapanzac, au Honduras :







Copan Ruinas, ruine Maya et perle archéologique du Honduras, à deux pas de la frontière avec le Guatemala – où nous aurons le plaisir de passer quelques heures avec André et Mireille, qui font un trajet inverse au nôtre en camping-car :


























Quel plaisir de voir des photos de Granada et de voir que la ville n’a pas changée même si pour nous la découverte de cette ville s’est faite il y a maintenant quelques années.
Je découvre aussi que vous avez visité le même musée que nous dans la ville et pu admirer les peintures naïves typiques du Niacaragua.
bonne route
Moi je dis CJ tu vas devoir donner un petit frère à Chloé pour nous prouver que tout est rentré dans l’ordre. ….et nous rassurer sur la marchandise.Profitez au maximum de vos derniers moments d’escapades et merci de toujours partager ! gros bisoux
T’as raison c’est bon les fondues savoyardes !
et Nikon c’est vachement mieux que Canon ; d’ailleurs qui pourrait faire confiance à des types qui font de la promo pour VW ???
bises à tous
C’est donc vrai que certains pays d’Amérique centrale sont dangereux, mais le danger est soigneusement camouflé. Les armes de “destruction massive” ne sont pas où on le pense et les organes visés ne sont pas ceux que l’on croit. Parmi les pistes de reconversion possibles, une nouvelle s’est ouverte: celle de “castrat” dans les choeurs du Grand Théàtre de Bordeaux.
Bref vous continuez vos rencontres intéressantes, même avec les “cadres” locaux.
Autre rencontre qui a dû beaucoup plaire à Hugo, celle avec les véhicules de l’Amarok Challenge et les Canon de l’équipage. Encore des armes de destruction massive!
Les enfants devant les véhicules seraient un bon argument de vente.
Nous attendons impatiemment la suite du feuilleton…
Bises à tous
C’est pour ça que ici, on a enfin du sérieux, du concret, du politiquement correct, de la prestation au bilan carbone irréprochable, des images léchées et alléchantes, de l’histoire, de la vraie, qui palpite, fait vibrer les tripes, les retourne à la nausée, pousse-au-crime, guerre et paix des nations, abrutissement 3D, bière-pizza, pizza-bière, bière-bière-bière, haine, puis délire puis commentaire autorisé, nous les aimons, eux, RROOOLLLLANND-GAAAARRRROOOSS, la COOOOUUUUPE du MOOOOONDE, et mustdumust (en un mot) le TOOOOOUUUUURRR de FRRRANCE…
AAAAAarrrrrrgggghhhh, j’étouffe, laissez-moi sortir avant 2016 !
Sinon, j’ai fais ma déclaration d’impôt, ramassé 30 kg de cerises et passé 41 ans. Et vous ?
La bises, on vous aime (on, on c’est qui, on ?)
Signé moi
Mais comment étais-tu installé sur ce foutu cadre de vélo ? Et il n’y a même pas une petite photo pour immortaliser la scène ? Bon , je vais relire ton histoire , ça fait du bien de rigoler de temps en temps !
Je viens de relire ton aventure scabreuse et périlleuse et j’en ris encore … ça , c’est du réalisme ! A quand la prochaine anecdote ?
Quelques détails techniques:
1) Quand on s’assied sur le cadre d’un vélo on n’y va pas à califourchon, mais en amazone!!! Voilà pourquoi les gens se marraient : eux ils savaient!
2)Coté 4×4 pour terrains difficiles , j’ai vu sur une émission de l’éco-tartuffe Hulot un camping car 8 roues motrices dont 4 directrices et articulé horizontalement au milieu. Ça c’est de la bagnole!(seulement 3kg de CO2 au km….)